Le référendum polarise les Marocains. Des milliers de partisans et d’opposants à
la proposition de réforme de la constitution du roi Mohammed VI ont manifesté pacifiquement dimanche dans plusieurs grandes villes du Royaume. Le projet sera soumis à référendum vendredi prochain.
Au Maroc, partisans et opposants de la réforme ont occupé la rue dimanche. Des milliers de marocains ont répondu à l’appel à manifester du Mouvement du 20 février pour dire « non » au projet de révision constitutionnelle de Mohammed VI. Ils se sont réunis dans plusieurs grandes villes du pays : Casablanca (nord-ouest), Marrakech (sud), Rabat ou encore Tanger (nord). « Les Constitutions octroyées à la poubelle », « Non à l’injustice sociale », « Nous boycotterons le référendum », ont scandé les manifestants. Des partis de gauche, le mouvement du 20 février et depuis vendredi le mouvement islamiste Justice et bienfaisance, l’un des plus importants au Maroc, ont appelé à « boycotter » le scrutin. Ils estiment que les concessions faites par le roi sont insuffisantes. « Nous rejetons les propositions faites (par le roi). Elles laissent l’essentiel de l’autorité dans les mains d’une personne non élue qui ne sera soumise à aucune forme de contrôle », a déclaré à Reuters Hamid, un chômeur de 38 ans. Il était au milieu d’une foule de 7 000 manifestants dans le quartier populaire de Hay Mohammadi de Casablanca. Dans la capitale politique Rabat, où la mobilisation a été faible, la police anti-émeute a séparé environ 2 000 personnes opposées aux réformes d’un autre ensemble de manifestants qui y étaient favorables
Forte mobilisation du « oui »
Les adversaires aux réformes du roi n’étaient pas les seuls dans la rue. Des sympathisants de Mohammed VI se sont également rassemblés pour la première fois en très grand nombre à Casablanca. Une source du ministère de l’Intérieur, cité par l’AFP a chiffré leur nombre à « des dizaines de milliers de personnes ». Les partisans de la réforme ont répondu massivement à l’appel des partis politiques et de la confrérie religieuse soufie « Zaouia Boudchichia », favorable au pouvoir. Certains médias évoquent le chiffre de 10 000 à 20 000 manifestants pro-réformes à Casablanca. La confrérie « Zaouia Boudchichia » a déclaré qu’elle désirait « accompagner pacifiquement le projet royal », comme la majorité des sympathisants de Mohammed VI présents dans la rue. Ce dernier a présenté il y a dix jours son projet de réforme constitutionnelle pour faire du Maroc une monarchie parlementaire. La nouvelle constitution accroît l’indépendance et les pouvoirs du Premier ministre. Toutefois, le monarque conserve son statut de chef religieux et nombre de ses prérogatives politiques. « Je comprends les revendications sociales de ce mouvement, mais je vais voter pour le projet de Constitution. Je suis pour le roi », a indiqué à l’AFP un manifestant de 20 ans. Un référendum est prévu vendredi prochain. Les trois principales formations politiques du Maroc, le Parti islamiste Justice et développement (PJD, opposition parlementaire), l’Union socialiste des forces populaires (USFP, coalition gouvernementale) et l’Istiqlal (parti du premier ministre), ont appelé à voter « oui ».
En dépit de quelques incidents dans la capitale et à Casablanca, les manifestations ont été globalement pacifiques. Le dimanche ayant suivi le discours de Mohammed VI annonçant les réformes constitutionnelles, les adversaires du projet avaient étéfrappés par leurs adversaires plus nombreux, sous les yeux des forces de l’autorité qui n’étaient pas intervenues à Rabat. Ahmed Mediany, un militant de gauche et membre de la section de Casablanca du Mouvement du 20 février a affirmé qu’ « il s’agit de manifestations pacifiques nationales, les cinquièmes, pour montrer que nous utiliserons la rue jusqu’à la réalisation de notre objectif : une véritable monarchie parlementaire ».
L’issue du scrutin de vendredi sera capitale pour l’avenir politique du pays.
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