Le parti issu de la mouvance islamiste au pouvoir était largement en tête avec 52,8% des voix aux élections législatives qui se sont déroulées en Turquie dimanche, d'après le décompte de la moitié des bulletins de vote, selon la chaîne d'information CNN-Türk
Le Parti de la justice et du développement (AKP) du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan pourra former seul un gouvernement, selon une projection d'ensemble donnée par la chaîne d'information CNN-Türk après les élections législatives de dimanche en Turquie.
Arrive en deuxième position le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale force d'opposition avec 22,7% des voix et ensuite les nationalistes du MHP (Parti de l'action nationaliste) avec 13,3%.
Une projection d'ensemble, faite par CNN Türk, donne un score de 50% pour l'AKP et 27,1% pour le CHP.
M. Erdogan a fait campagne notamment sur son projet de modifier la Constitution élaborée en 1982 à la suite du coup d'Etat militaire de 1980.
L’an dernier les Turcs ont approuvé par référendum, à une large majorité, cette révision en profondeur. Erdogan avait appelé à voter oui à “la constitution du peuple” contre celle des militaires. Ses opposants dénonçant une dérive vers un plébiscite pour le Premier Ministre. En effet, Erdogan n’a jamais caché son intention d’en finir avec le régime parlementaire et d’instaurer un régime de type présidentiel. Ce qui lui donnerait l’occasion de se présenter deux fois à la présidence alors que si il est élu il effectuera son dernier mandat de Premier Ministre comme le prévoient les statuts de l’AKP.
Mais la réforme ne prévoit pas que cela, elle ouvrira aussi la porte à plus de libertés fondamentales, renforcant la justice civile au détriment des tribunaux militaires, ouvrant notamment la porte au jugement des auteurs de coup d‘état.
Voici ce qu'ecrivait Caroline Glick en septembre 2010 :
Selon la Constitution kémaliste, l'armée était le protecteur constitutionnel de la Turquie laïque. L'armée est constitutionnellement obligée de lutter contre toutes les menaces qui pèsent sur le régime laïc de la Turquie - y compris les menaces posées par les partis politiques et les dirigeants politiques. Au cours des sept dernières années, l'AKP a fait tout son possible pour démoraliser et criminaliser le leadership de l'armée et éviscérer les pouvoirs constitutionnels de l'armée et de l'indépendance organisationnelle. Le Président Abdullah Gul a commencé à intervenir dans les promotions de généraux et empecher les non-islamistes d'acquérir des postes de commandement.
Les amendements constitutionnels plaçent l'armée sous la juridiction des tribunaux civils controlés par le gouvernement islamiste de l'AKP.
En 1980, conformément à ses responsabilités constitutionnelles, le militaire évinça un précurseur de l'AKP du pouvoir ; l'Occident avait catalogué à tort cela comme un coup d'Etat. Les nouveaux amendements constitutionnels rendent les commandants militaires qui avaient évincé les islamistes, vulnérables à des poursuites pénales. Sans doute, dans un proche avenir ces généraux seront trainés devant les tribunaux
et accusé de s'opposer à la volonté du peuple.
Le message à tout général ayant l'idée de retirer Erdogan et ses collègues du pouvoir est clair et limpide.
Les militaires mis à part, le seul avant-poste laïque qui reste en Turquie est la magistrature. Dans le passé, le pouvoir judiciaire a annulé plusieurs des actions du gouvernement jugées inconstitutionnelles et illégales. Les nouveaux amendements constitutionnels mettront fin à l'indépendance judiciaire en donnant le contrôle du gouvernement sur les nominations des juges de la cour constitutionnelle. Le Ministre de la Justice de l'AKP aura également le pouvoir d'ouvrir des enquêtes contre des juges et des procureurs.
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