Maan
Une frappe aérienne contre deux trafiquants d'armes au Soudan s'inscrit dans une série d'opérations récentes.
La guerre secrète que se livrent Israël et l'Iran vient de connaître, apparemment, un nouvel épisode. Deux passagers d'une voiture circulant près de Port-Soudan, dans l'est du Soudan, ont été tués mardi à la suite de l'explosion d'une roquette tirée à partir d'un «avion non identifié». Officiellement, les autorités israéliennes ont respecté les règles du jeu habituelles en se gardant de revendiquer l'opération. Ali Ahmed Karti, le chef de la diplomatie soudanaise, a, en revanche, affirmé mercredi être «absolument sûr» qu'Israël était à l'origine de l'attaque.
À demi-mot, les médias israéliens ont eu tendance à confirmer cette piste. «Israël frappe au Soudan», titraient ainsi mercredi plusieurs quotidiens. Selon les commentateurs militaires citant des «sources étrangères», l'opération aurait visé deux responsables du trafic d'armes entre l'Iran et les islamistes palestiniens du Hamas. L'un d'eux Abdul-Latif Ashkar serait le successeur de Mabhouh assassiné par le Mossad à Dubaï.
Ce matériel militaire transite du port iranien de Bandar Abbas en mer Rouge, avant d'être débarqué au Soudan et acheminé par camions vers la péninsule égyptienne du Sinaï, puis passé en contrebande par des tunnels vers la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas. En janvier 2009, un convoi de ce genre avait été attaqué à la frontière entre le Soudan et l'Égypte par de mystérieux avions, provoquant la mort de 119 personnes. Dans ce cas aussi, plus d'un avait vu la main d'Israël.
Seule certitude : Israël dispose des capacités pour mener ce genre de raids, aussi bien à l'aide d'avions de chasse que de drones, des appareils sans pilote, équipés de roquettes. Les responsables israéliens tentent par tous les moyens d'empêcher l'Iran de doter le Hamas d'armes sophistiquées, notamment de lance-roquettes, qui pourraient menacer son aviation au-dessus de la bande de Gaza ou ses navires en Méditerranée. Ils sont d'autant plus enclins à user de la manière forte que nombre d'entre eux estiment «inévitable» une nouvelle offensive militaire de grande envergure à Gaza pour éradiquer le pouvoir du Hamas.
«Liquidation ciblée»
Le mois dernier, un commando marin israélien avait arraisonné en Méditerranée un cargo battant pavillon panaméen transportant 50 tonnes d'armes iraniennes destinées au Hamas. «L'attaque à Port-Soudan ressemble fort à une liquidation ciblée, destinée à faire passer un message aux Iraniens», estime Ronen Bergman, un expert militaire du quotidien Yédiot Aharonot. Selon lui, une telle opération nécessite une parfaite coordination entre l'armée et le Mossad, les services secrets chargés de déterminer où se trouvent les cibles visées.
Israël ne prend pas de gants avec Téhéran. Sa priorité concerne les tentatives de sabotage du programme nucléaire de l'Iran. L'État hébreu s'est ainsi vu attribuer l'an dernier une attaque informatique foudroyante à l'aide d'un virus surnommé Stuxnet, qui aurait mis hors service jusqu'à un tiers des centrifugeuses utilisées pour enrichir l'uranium. Parmi les autres opérations secrètes figureraient l'élimination de savants atomistes à Téhéran, l'enlèvement d'un général iranien en Turquie et des «pressions» sur des entreprises occidentales soupçonnées de violer l'embargo international interdisant la vente de matériel pouvant servir dans le secteur nucléaire
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