L'Orient le Jour
Des dizaines de milliers de personnes ont accompagné hier les dépouilles mortelles des manifestants tués vendredi à Douma, près de Damas. « Huit morts de Douma ont été enterrés. Il y a trois autres manifestants tués mais qui sont des villages voisins d'Arbine et Sbinah », a déclaré Mazen Darwiche, directeur du Centre national de l'information et de la libre expression, fermé depuis 2009, qui était présent aux funérailles. Selon lui, « les participants aux obsèques ont scandé des slogans en hommage aux martyrs, réclamé la liberté et s'en sont pris à la presse officielle ». « Où sont les gangs », proclamaient des pancartes pour tourner en dérision la version officielle accusant des « bandes armées d'avoir ouvert le feu vendredi à partir des toits ».
Les obsèques sont parties de la grande mosquée de Douma vers le cimetière en passant par les rues de la ville. Il n'y avait aucune présence visible des forces de sécurité.
Pour sa part, Mountaha al-Atrache, porte-parole de l'organisation syrienne des droits de l'homme Sawasiyah, qui a aussi participé aux obsèques, a assuré que « les manifestations se poursuivront. Le peuple ne gardera plus le silence car la barrière de la peur est tombée ». « Douma est en ébullition. La Syrie en tant que nation ne doit pas rester inerte et laisser passer cette chance historique de liberté », a plaidé un militant.
Les protestataires ont annoncé de nouvelles manifestations cette semaine alors qu'Internet a été coupé plus de six heures et que les communications par le téléphone portable étaient très difficiles en raison, officiellement, d'une « congestion » du réseau.
Les contestataires appellent à une « semaine des martyrs » avec une journée de protestation mardi, au « boycottage » mercredi des téléphones portables qui ont offert une heure gratuite à la population pour avoir soutenu le régime, et à des rassemblements jeudi devant les sièges du parti Baas à l'occasion de l'anniversaire de la fondation de ce parti en 1947.
Ils ont également demandé à leurs partisans de défiler vendredi dans toute la Syrie pour montrer « le mécontentement du peuple ». Il s'agira du quatrième vendredi où les Syriens sont appelés à descendre dans la rue pour afficher leur mécontentement face à l'absence de libéralisation du régime.
« La contestation est limitée dans son ampleur mais elle s'enracine », a affirmé à l'AFP un homme d'affaires syrien qui a tenu à garder l'anonymat. Et si le nombre des manifestants est resté limité, la contestation s'est élargie sur le plan géographique. Vendredi, des manifestations se sont ainsi déroulées pour la première fois dans le nord du pays, à majorité kurde.
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