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dimanche 9 janvier 2011

Le mouvement en Algérie ne porte pas que sur le coût de la vie

El Watan

...Nous essayons surtout de lire dans ces jacqueries le sens qu’elles se sont donné. Nous tentons d’en déceler les slogans, les mots d’ordre arborés, les pancartes brandies. Octobre 1988 avait son fameux «Bab El Oued Echouhada». Les émeutes du printemps noir leur «pouvoir assassin» et le tonitruant «Ulac smah ulah» (pas de pardon).
Les manifs des démocrates au début des années 1990 leur fougueux «Djazaïr horra dimocratia» (Algérie libre et démocratique).


Qu’en est-il de la révolte de janvier 2011 ? Le thème de la cherté de la vie semble revenir comme un leitmotiv pour expliquer ces émeutes et leur donner du contenu, que résume parfaitement ce slogan qui a été scandé : «Rahoum zadou fezzit ouessokar, echaâb rahou habet ikassar !» (Ils ont augmenté l’huile et le sucre, le peuple est décidé à en découdre).

Pourtant, cela ne semble pas faire consensus.

Nombre de citoyens interrogés, qu’ils soient acteurs de ces soulèvements ou simples observateurs, estiment que la majorité des insurgés ont jailli spontanément, les uns poussés effectivement par le ras-le-bol, la misère sociale et la mal vie, d’autres agissant par mimétisme. Mais pas de tract, ni de banderole, ni de pancarte, ni de charte écrite.

Nous avons essayé de trouver trace de quelques graffitis sur les murs des quartiers d’Alger récemment embrasés. Il n’y en avait que pour des clubs  de foot ,«el harga», Italia, le Mouloudia et l’USMA, mais aucun mot sur les récentes manifs. Quand on sait l’importance des murs comme supports d’expression, on peut mesurer le «blanc» laissé par ce soulèvement en termes de contenus....l’université connaissait une effervescence militante exceptionnelle qui a alimenté Octobre 1988», analyse un enseignant rencontré à Bab El Oued. Pour lui, il serait présomptueux, voire démagogique, de prêter au mouvement actuel des revendications «sophistiquées».

Selon un enseignant , même les raisons avancées, centrées autour de «la cherté de la vie» ont été ajoutées après coup.  «C’est vrai que la cherté de la vie est insoutenable. Mais les jeunes manifestants, eux, n’ont rien dit de tel. C’est vous, la presse, qui avez inventé ces slogans.» Et un de ses collègues de renchérir : «Cela nécessite un profond travail d’encadrement mettant à contribution tout un tissu d’associations, de partis politiques et de syndicats.»
Interrogé sur ses propres attentes de ce mouvement, un jeune, dans les 18 ans, qui a pris part aux émeutes de Bab El Oued, témoigne : «Moi je vous le dis franchement, ce qui nous fait agir, c’est l’attitude de la police.
Hier, un groupe de flics en civil sont venus ici et on les a chassés.» Le jeune évoque au passage le cas de certains «pilleurs professionnels» qui «profitent de la situation pour racketter les gens et vider les magasins».


Les classes moyennes et la classe politique savent, désormais, ce qu’ils ont à faire s’ils veulent transformer cet hiver impétueux en printemps démocratique…

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