Khartoum a réclamé dans une lettre le départ de la mission des Nations unies au Soudan (MINUS) d’ici le 9 juillet, date de la proclamation de l’indépendance du Sud-Soudan, a rapporté dimanche l’agence de presse officielle Suna. « Le ministre soudanais des Affaires étrangères Ali Karti a envoyé un message au secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, l’informant officiellement de la décision du gouvernement soudanais de mettre fin à la présence de la MINUS dans le pays », a déclaré le porte-parole du ministère soudanais des Affaires étrangères, Khalid Musa. La décision du gouvernement nord soudanais a des conséquences au-delà de son propre territoire. Si le quartier général de la MINUS est situé à Khartoum, l’essentiel de ses troupes est déployé au Sud-Soudan. Soit 10 000 casques bleus et un millier de personnels civils qui assurent le maintien de l’ordre et de la paix dans la région. Le conseil de sécurité de l’ONU a créé la MINUS en appui à la mise en œuvre de l’Accord de paix de janvier 2005 qui met fin à plus de vingt ans de guerre civile. Une autre mission de l’ONU (Unamid), forte d’environ 23 000 Casques bleus, est actuellement présente au Darfour, région très instable du Soudan en proie à la violence.
Le gouvernement soudanais a affirmé dimanche que c’était à lui de décider si la Mission des Nations unies dans son pays devrait rester ou non. « La décision de prolonger ou de mettre fin au mandat de la MINUS doit être prise par le gouvernement soudanais et non par d’autre », a déclaré Khalid Musa. Le Conseil de sécurité de l’ONU a prorogé, le 27 avril dernier, son mandat jusqu’au 9 juillet, date de la fin de sa mission au Soudan. Néanmoins l’organisation envisageait de redéployer sa force dans le cadre d’une nouvelle mission au Sud-Soudan, dès l’accession officielle à l’indépendance du pays. La MINUS est déployée au Soudan avec l’accord des autorités de Khartoum, mais la décision finale du retrait et de la fin de la mission revient en dernier ressort au Conseil de sécurité de l’ONU. Le Sud-Soudan exigerait, quant à lui, le maintien de la mission de l’ONU sur son territoire.
Tensions autour de la région d’Abyei
L’ONU avait vivement condamné la prise le 21 mai dernier de la ville d’Abyei par l’armée nordiste au terme de violents combats avec les forces sudistes. L’institution a également déploré le chaos qui a fait suite à l’intervention. Elle a exprimé des inquiétudes concernant les incendies, les pillages, et la situation humanitaire à Abyei. Samedi, une délégation du Sud-Soudan menée par le vice-président, Riek Machar, s’est rendue à Khartoum pour tenter de désamorcer les tensions autour de la zone pétrolifère. Dans la même journée, les forces armées soudanaises (SAF) ont appelé les populations à revenir dans la ville d’Abyei, affirmant que « les combats sont finis ». L’armée s’est également engagée « à protéger le travail des humanitaires dans la zone d’Abyei ». Les combats ont provoqué la fuite de 30 000 à 40 000 personnes vers le sud sous le contrôle de l’armée sudiste selon l’ONU.
Omar El Béchir, le président-nord soudanais, avait déclaré qu’il ne reconnaîtrait pas le Sud-Soudan si le pays inscrivait la région d’Abyei dans sa constitution. La région pétrolière est située à la frontière entre les deux Etats. Elle connaît une recrudescence des violences depuis le référendum manqué de janvier 2011 qui devait entériner son statut administratif. Le référendum d’autodétermination d’Abyei, initialement prévu le 9 janvier dernier comme celui du Sud-Soudan, a finalement été reporté à une date indéfinie. Les tribus Misseriyas (pro-nordistes) et Dinka (sudistes), qui composent l’essentiel de la population de la région, n’ont pu déterminer son rattachement au Nord ou au Sud du Soudan. Un accord n’a pu être trouvé sur le statut d’électeurs des Misseriyas, populations arabes nomades.
A dix jours de la naissance officielle du 54e État africain et du retrait des forces de la MINUS du Soudan, la paix dans la région est loin d’être garantie.
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