Le Figaro
L'annonce que Chafiq, un ex-militaire, est remplacé par Essam Charaf, ancien ministre des Transports, professeur à l'Université du Caire, arrache à el-Aswany des exclamations enthousiastes: «C'est un très bon choix, un homme très intègre!» Même satisfaction chez Farah Kamel. «Il avait démissionné de son poste de ministre en 2005 pour dénoncer la corruption et il a manifesté à nos côtés pendant la révolution.» Maintenant, tempère-t-elle, «il faut s'assurer qu'il va nous débarrasser des derniers symboles de l'ancien régime»: Ahmed Aboul Gheit (Affaires étrangères), Mahmoud Wagdy (Intérieur) et Mamdouh Mareï (Justice).
Pour el-Aswany, cette décision du Conseil suprême des forces armées, annoncée, signe des temps, par un communiqué sur Facebook, est aussi «rassurante». Depuis l'intervention musclée de la police militaire contre les manifestants il y a une semaine, la tension était en effet montée d'un cran entre l'armée et les jeunes. La condamnation de l'un d'entre eux à cinq ans de prison cette semaine avait même érodé leur confiance dans l'impartialité des généraux. «En écartant Chafiq, l'armée montre qu'elle comprend ce qui se passe et qu'elle est capable de prendre des décisions positives», souligne el-Aswany.
Levée de l'état d'urgence
Selon Kamel, la démission du gouvernement devrait désamorcer la contestation. «Il y a des divisions sur l'attitude à adopter. Certains veulent continuer à manifester jusqu'à ce que toutes nos demandes soient satisfaites; d'autres voient bien que la population commence à s'impatienter et qu'il faut remettre le pays en état de marche.» Les opposants réclament toujours la levée de l'état d'urgence et la libération de tous les prisonniers politiques. Pour maintenir la pression, ils devraient désormais concentrer leurs attaques sur Fathi Sorour, Safwat el-Chérif et Zakaria Azmi. Trois caciques de l'ancien régime, symboles de la corruption, officiellement sous le coup d'une enquête, mais dont personne ne sait très bien où ils se trouvent.
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