AFP et NewYorkTimes
Shahbaz Bhatti , l'unique ministre non-musulman (des minorités) du Pakistan, a été assassiné mercredi à Islamabad par des inconnus qui ont criblé de balles la voiture de ce chrétien favorable à la suppression de la peine de mort en cas de blasphème et défenseur des minorités religieuses. Des pamphlets des Talibans ont été retrouvés sur la scène de crime.
Il faisait campagne comme le gouverneur du Punjab assassiné il y a un mois, Salman Taseer, pour l'abrogation de la loi sur le Blasphème.
Plusieurs imams et dirigeants de mouvements fondamentalistes répètent publiquement à l'envi ces derniers temps que l'islam récompense ceux qui tueront des apostats ou ceux qui défendent ces derniers.
De son côté, John Kerry, qui préside la commission des Affaires étrangères du Sénat américain, a estimé que cet assassinat était "effrayant". "M. Bhatti était un défenseur courageux des minorités ethniques et religieuses et sa mort est une perte pour son pays et sa famille", a-t-il dit.
Le sénateur a par ailleurs souligné que le drame intervenait peu après l'assassinat du gouverneur du Pendjab, Salman Taseer, début janvier à Islamabad, "un autre partisan de la tolérance et de la modération".
M. Bhatti avait demandé à être protégé, aucun garde n’était présent au moment du meurtre.
Le président Zardari qui a condamné ce crime ne s'est pas présenté aux funérailles de son ministre...Pas plus que les hauts gradé de l'armée.
ESM
Le porte-parole du Vatican , le père Federico Lombardi, a rapidement « L’assassinat du Ministre pakistanais chargé des minorités, Shahbaz Bhatti, est un nouveau fait de violence d’une terrible gravité. Il démontre combien sont justes les interventions insistantes du Pape à propos de la violence contre les chrétiens et contre la liberté religieuse en général.
Bhatti était le premier catholique à occuper de telles fonctions. Nous rappelons qu’il avait été reçu par le pape Benoît XVI en septembre dernier et avait porté témoignage de son engagement en faveur de la coexistence pacifique entre les communautés religieuses de son pays. A la prière pour la victime, à la condamnation pour l’inqualifiable acte de violence et à la proximité envers les chrétiens pakistanais si profondément touchés par la haine, s’ajoute l’appel afin que tous se rendent compte de la dramatique urgence que représente la défense de la liberté religieuse et des chrétiens, objets de violence et de persécution ». (SL)
Assassinat du Ministre Bhatti, un « martyr de la loi sur le blasphème »
Deuil et terreur au sein de la communauté chrétienne au Pakistan. Le Ministre fédéral chargé des Minorités religieuses, le catholique Shahbaz Bhatti, a été tué ce matin à Islamabad. Des sources locales de Fides racontent que le Ministre était sorti de sa résidence pour se rendre à son bureau et qu’il se trouvait en voiture avec sa nièce et son chauffeur sans escorte quand, à l’improviste, une petite voiture de marque Suzuki s’est approchée de la voiture du Ministre. Un coup de feu en est partie en direction du chauffeur afin d’arrêter la voiture. Un groupe d’hommes armés et masqués a ensuite extrait le Ministre de sa voiture et l’a criblé de coups de feu. L’exécution, qui a vu l’emploi d’armes automatiques, aurait duré près de deux minutes. Le commando a ensuite pris la fuite. Le chauffeur a conduit le Ministre à l’hôpital d’Islamabad où Bhatti est arrivé déjà mort. Il n’existe pas de revendication officielle mais, sur la base des premières constatations de l’enquête, il semble que l’attentat puisse être attribué à des groupes talibans qui auraient laissé sur le lieu du crime des tracts signés « Tehrik-i-Taliban- Punjab ».
Des sources locales de Fides se demandent pourquoi le Ministre, qui avait déjà fait l’objet de menaces publiques de la part de groupes terroristes tels que « Laskar e-toiba » , avait été laissé sans escorte. Des prêtres et des religieuses pakistanais n’hésitent pas à définir Bhatti comme « un martyr », une personne qui « a donné sa vie pour la défense des droits des minorités religieuses, spécialement des chrétiens ».
Dans une réaction à chaud, Peter Jacob, Secrétaire de la Commission épiscopale Justice et Paix, ami personnel de Bhatti, déclare à Fides : « Nous sommes en état de choc et de panique : la communauté catholique, tous les chrétiens, sont traumatisés par ce énième homicide. Nous sommes abasourdis et sans défense. Ce meurtre veut dire que le pays est à la merci des terroristes qui peuvent se permettre de tuer des personnalités de rang aussi élevé. Nous nous sentons très vulnérables et les défenseurs des droits de l’homme et des minorités religieuses le sont spécialement. Nous condamnons avec force ce geste barbare. Maintenant, c’est le temps du deuil. Ensuite, en tant que chrétiens, nous penserons à ce que devra être fait ».
Bhatti, 42 ans, avait été confirmé à son poste de Ministre fédéral chargé des Minorités religieuses dans le cadre du récent remaniement ministériel et occupait ce poste depuis 2008. Il était originaire du village de Khushpur dans les environs de Faisalabad au Punjab appelé « le Vatican du Pakistan » en ce qu’il s’agit d’un village fondé par les Pères dominicains qui a vu la naissance de nombreux prêtres, religieuses et religieux pakistanais.
Dans le cadre de son engagement militant en faveur des droits de l’homme et des minorités religieuses, Bhatti avait fondé la « All Pakistan Minorities Alliance » et le « Christian Liberation Front », organisations très actives au sein de la société civile. Il s’était fait le héraut de la lutte en faveur de la révision de la loi sur le blasphème, qui lui a coûtée la vie. Ces jours derniers, il avait rassuré de manière confidentielle, l’Agence Fides sur le fait que la « Commission pour la Révision de la loi sur le blasphème » voulue par le Président Ali Zardari sous la conduite de Bhatti, en constituait pas un projet mis de côté mais qu’il continuait loin des feux de la rampe. Ces derniers temps, il aimait répéter « j’ai coupé les ponts » se référant à un engagement qui impliquait toute son existence et ne pouvait pas prévoir de reculades. Dans un récent entretien accordé à Fides, il considérait son service en politique comme « témoignage de la foi au Christ ». (PA)
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