KHARTOUM - Le parti au pouvoir au Soudan a mis en garde dimanche contre le risque sérieux d'une escalade de la violence dans la province d'Abyei, zone frontalière disputée entre le Nord et le Sud, au lendemain de la rupture du dialogue entre les dirigeants sudistes et Khartoum.
Al-Dirdiri Mohammed Ahmed, négociateur en chef du Parti du Congrès national (NCP) sur le dossier d'Abyei, a déclaré que si l'armée sudiste ne retirait pas environ 2.500 soldats en uniforme de police d'Abyei avant lundi, "nous devrons aussi nous attendre à ce que de nombreuses échauffourées aient lieu".
"La situation à Abyei pourrait se détériorer, et se révéler très grave dans les prochains jours", a prévenu M. Dirdiri.
Il est peu probable que l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) se plie aux exigences du NCP.
Le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), bras politique de la SPLA, a annoncé samedi avoir suspendu le dialogue avec le pouvoir du président Omar el-Béchir, l'accusant de comploter pour faire tomber leur gouvernement avant l'indépendance prévue en juillet.
Dimanche, le secrétaire général du SPLM, Pagan Amum, a accusé le CNP d'armer les tribus arabes pour mener un génocide: "Ils veulent mener un génocide comme ils ont fait contre les tribus africaines au Darfour", région de l'Ouest soudanais en proie à une guerre civile.
Des combats entre armée sudiste et rebelles ont fait plus d'une centaine de morts dans le Sud depuis début mars.
Samedi, 42 personnes ont péri, essentiellement des rebelles, dans une attaque rebelle contre la ville de Malakal, capitale riche en pétrole de l'Etat du Haut Nil dans le Sud-Soudan, selon un porte-parole de l'armée sudiste. Un précédent bilan faisait état de 30 morts.
A la lisière entre le Nord et le Sud, la province d'Abyei connaît elle aussi une recrudescence des violences depuis le référendum sur le Sud-Soudan, qui a vu une écrasante majorité en faveur de la sécession. Un autre référendum devait permettre à Abyei de choisir son rattachement au Nord ou au Sud, mais il a été reporté sine die.
Dans cette province, au moins 70 personnes ont été tuées début mars et deux villages rasés en deux jours dans des combats entre des hommes armés de la tribu arabe nordiste des Misseriya, et des membres de la tribu sudiste des Dinka Ngok, selon des responsables.
Enough Project, organisation de lutte contre les génocides, a prévenu vendredi que des groupes armés, soutenus par les armées soudanaises nordistes et sudistes, étaient en train de renforcer leur présence à Abyei.
M. Dirdiri a imputé les combats aux forces soutenues par la SPLA, qu'il accuse de tuer sans discrimination et de massacrer le bétail des Misseriya. Les Sudistes accusent de leur côté cette tribu nomade arabe de fomenter des violences avec le soutien de Khartoum.
Salah Gosh, un conseiller du président Béchir chargé de mener les négociations avec le Sud, a estimé dimanche que la rupture du dialogue avec Khartoum était une tactique des Sudistes.
"Je pense qu'ils reviendront. Ils n'ont pas d'autre choix pour trouver une solution à la situation", a-t-il dit.
Selon lui, les Sudistes souhaitent une nouvelle flambée de violences dans l'espoir de pouvoir prendre l'avantage sur Abyei, ainsi que sur d'autres dossiers post-référendaires comme le partage du pétrole.
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