Le Pakistan a supprimé vendredi 1er juillet le ministère des minorités religieuses, suscitant une inquiétude dans les communautés chrétiennes, hindoue et ahmadiyya.
Pourquoi le ministère des minorités religieuses a disparu au Pakistan ?
Dans le cadre d’un grand plan de décentralisation entamé il y a plus d’un an, les compétences de dix-sept ministères ont été transférées aux quatre provinces de la République islamique du Pakistan afin de leur donner plus d’autonomie. La troisième phase, dont faisait partie le ministère des minorités, est entrée en vigueur vendredi 1er juillet.Une province pourra légiférer sur la question très sensible des minorités religieuses, mais la décision ne sera applicable que dans cette province. Le gouvernement fédéral ne pourra plus intervenir. Cependant, la Cour suprême aura toujours la possibilité de s’y opposer si la loi provinciale est contraire à la Constitution et aux « droits fondamentaux ».
Pourquoi la communauté chrétienne s’inquiète-t-elle ?
Pour cette communauté, qui représente environ 3 % de la population, c’est un nouveau coup dur après l’assassinat le 2 mars du catholique Shahbaz Bhatti, ministre des minorités religieuses et fervent défenseur de la minorité chrétienne.« Nous pensons que cette décision va aggraver la situation des chrétiens. La question des minorités est explosive ici, des gens sont continuellement victimes de discrimination, il fallait que cette question reste entre les mains du gouvernement fédéral », explique à La Croix Paul Bhatti, devenu conseiller spécial du premier ministre sur les questions des minorités après la mort de son frère Shahbaz.
« C’est très préoccupant, car nous ne pourrons plus faire entendre nos voix comme avant, et il y aura un traitement différent des minorités dans chaque province », déplore Rohael S. Gill, porte-parole de l’Alliance des minorités pour tout le Pakistan (APMA).
Quelle est la situation de la chrétienne Asia Bibi ?
Cette mère de famille a été condamnée à mort par pendaison en novembre 2010 par un tribunal local pour avoir « insulté » le prophète Mohammed. Son sort dépend d’un appel interjeté il y a plusieurs mois auprès de la haute cour de Lahore (province du Pendjab), mais le dossier piétine. Cependant, aucune peine capitale pour blasphème n’a été exécutée ces dernières décennies au Pakistan.Pour Paul Bhatti, « il y a malheureusement eu d’autres Asia Bibi dans le passé et il y en aura d’autres ». Selon lui, « il faut se battre contre tout un courant de pensée, contre les violations des droits de toute une minorité, et voir comment on peut changer les choses en collaboration avec la société et le gouvernement pakistanais ».
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