Mahmoud Abou Rahma est un activiste des droits de l'homme qui travaille depuis 15 ans avec l'ONG palestinienne Al Mezan.
Dans cet article publié par l'agence palestinienne MAAN, il dénonce le mépris du Hamas pour les droits de l'homme et pour la vie humaine.
Il est notable qu'il confirme l'utilisation du Hamas des structures civiles (comme des écoles et des quartiers résidentiels) pour tirer des roquettes au mépris de la sécurité des habitants.
Nota bene :
"résistance" = partie militaire du Hamas
"gouvernement" = décideurs du Hamas.
Cet article était prémonitoire car il a été poignardé le 13/01/2012 par des inconnus masqués à Gaza.
Le centre Al Mezan pour les droits de l'homme a officiellement protesté .
Mahmoud Abou Rahma Photo MAAN |
par Mahmoud Abu Rahma le 31 décembre 2011
Le gouvernement palestinien a été crée en 1994, cela a apporté au moins un sens limité de sécurité personnelle et de bien-être. L'autonomie - seulement dans une certaine mesure, bien sûr - a réalisé beaucoup de choses et les Palestiniens devaient agir de manière responsable, soutenir et protéger leur gouvernement.
La Résistance protège, mais uniquement de l'extérieur, de "l'ennemi" [Israel ; what else ?]. Le gouvernement doit nous protéger des criminels isolés et des gangs.
Malheureusement, ni la résistance, ni notre gouvernement ne parviennent à nous protéger des nôtres. Il est logique de supposer que ni le gouvernement ni la résistance ne veulent intervenir pour protéger les gens qui osent les critiquer.
Tous les jours nous constatons la détention et l'assignation à résidence des citoyens par dizaines, et non pour des actes illégaux qu'ils ont commis, mais surtout pour qui ils sont et ce qu'ils pensent, ou pour leur simple appartenance politique. Nous avons assisté, avec beaucoup d'angoisse , à l'attaque scandaleuse contre la liberté d'expression et de réunion pacifique depuis Mars 2011.
Il y a des rapports de centaines de cas de torture et d'abus.
Plusieurs personnes sont mortes en détention et sous la torture à Gaza et en Cisjordanie.
Personne n'a été puni pour ces actes. Au contraire, nous ne voyons que des efforts pour protéger ceux qui violent des droits du peuple ; les tortionnaires, les enseignants qui abusent des enfants ou les médecins qui agissent avec une extrême négligence .
Le gouvernement s'en tient à leur version des faits et personne ne peut obtenir les rapports, les preuves ou des dossiers publics qui prouvent leur innocence ou leur actes répréhensibles. Jamais nous n'entendons que des enquêtes sérieuses cherchent la vérité.
Beaucoup de citoyens ont également été victimes de la négligence continue des groupes de résistance qui montrent le peu de soin pour la vie des gens et leur bien-être, ou, pire, ne parviennent pas à prendre la responsabilité pour des actes choquants commis par leur membres. De nombreuses personnes ont été blessées par balles réelles provenant des centres d'entraînement de la résistance ; y compris les enfants et au moins un homme qui a perdu un œil.
Ce sont les victimes du comportement irresponsable qui semble se poursuivre malgré les blessures fréquentes.
Un centre d'entraînement dans la ville de Beit Lahiya est un danger quotidien. Une fillette a été blessée à l'intérieur de son école quand une explosion s'est produite dans ce site le 20 septembre 2011. Les explosions se produisent fréquemment dans des zones densément peuplées autour de Gaza et font des victimes dont beaucoup sont des enfants. Des accidents surviennent dans les maisons par les armes détenues par la résistance. Les centres d'entraînement militaire sont situés dans des endroits très proches de quartiers résidentiels et /ou des écoles, d'où proviennent des actes de résistance ; y compris des tirs de roquettes. La population de ces lieux est inévitablement exposée aux ripostes israéliennes. Des centaines de personnes ont été blessées ou tuées et des dizaines de maisons ont été endommagées par les ripostes israéliennes.
Mais bien peu a été fait pour soulager la douleur de la perte de vie ou de résidence subie par ces personnes. Le 9 décembre 2011, une attaque israélienne sur un centre d'entraînement a tué un homme et son fils de 11 ans du quartier al Nasser dans la ville de Gaza. Sa femme et ses quatre enfants ont été blessés, l'un des enfants est actuellement dans un hôpital israélien souffrant de blessures critiques.
Cet homme, dont la maison est à proximité du centre d'entraînement, s'était plaint à la résistance à plusieurs reprises. Il a expliqué la crainte de la famille pour leur vie et leur maison. Mais ils ont répondu qu'il n'avait qu'à déménager hors de la zone, alors qu'il n'en avait pas les moyens.
Il est mort comme il craignait le plus : tragiquement.
La négligence de la part de la résistance est également à l'origine des victimes régulières des ratés de roquettes artisanales qui tombent sur les maisons à l'intérieur de la bande de Gaza.
Beaucoup de victimes sont des enfants et elles sont toutes des civils qui se trouvent dans leurs maisons.
De plus, il y a les victimes de fusillades ou des explosions dans les centres d'entraînement. Beaucoup d'enfants sont tués ou mutilés par des engins explosifs laissés dans les rues ou les parcs et qui explosent dans leurs mains.
Et il y a le jeune homme sur qui on a tiré (dans les jambes) pour avoir osé critiquer publiquement un chef de la résistance locale.
Pire que tout cela est l'exploitation cynique des personnes dans la zone des tunnels à Rafah. Des centaines de personnes ont été détenues dans des conditions inhumaines, en dehors de toute procédure légale. Des milliers ont trouvé leur intérêt ou vu leurs droits retirés par le "Comité des tunnels", qui arbitre les différends entre les propriétaires de tunnel, les commerçants et les travailleurs dans le domaine des tunnels à Rafah.
Le comité comprend des propriétaires de tunnels et des négociants et est une personnification de l'alliance impie entre les propriétaires, les commerçants et les soi-disant forces de l'ordre.
Si les gens ne bénéficient pas du respect et de la primauté du droit par les groupes de résistance et par le gouvernement - deux organes politiques qui prétendent défendre leurs droits - ils vont tous périr ensemble. Nous coulerons.
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