David P Goldman est un economiste de haute volée de Wall Street , il était conseiller auprés de plusieurs gouvernements. Il vient d'écrire cette remarquable et importante analyse de la situation de l'economie d ela Turquie qu'il a publié sur Asia Times et que j'ai adapté ici:
La bombe à retardement de la dette Turque
par Spengler
Depuis le premier trimestre 2013, l'économie turque est au point mort , mais une bulle de crédit continue à croître.
Il y a un an, j'ai affirmé dans le Middle East Quaterly , sous le titre (lien) «Le miracle economique d'Ankara s'effondre" (lien d'un résumé en français) , que les prouesses économiques de la Turquie étaient plus superficielles que substantielles. Le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a financé une bulle de consommation par un énorme déficit commercial financé par des prêts interbancaires à court terme.
L'explosion de la consommation est finie, mais la bulle du crédit se poursuit, avec des prêts bancaires toujours en expansion de 30% par an, malgré le fait que l'économie soit au point mort. Le déficit du compte courant de la Turquie reste dans la région de l'alerte rouge à près de 10% du PIB, et la Turquie continue à financer le déficit par des emprunts interbancaires à court terme.
De telles bulles finissent toutes par exploser. La Turquie ne peut pas blâmer la conjoncture économique mondiale, car cette année, les économies des marchés émergentes ont , en moyenne, une croissance de 5,5% , tandis que la croissance de la Turquie est nulle. La dette publique de la Turquie demeure très faible, à peine 36% du PIB, mais la dette du secteur privé - en particulier la dette extérieure à court terme - a triplé au cours des quatre dernières années; les plus de 80 milliards $ US en argent à court terme que la Turquie a emprunté depuis 2010 sont probablement arrivés des pays du Golfe. Ces pays ont un intérêt stratégique à maintenir un pouvoir sunnite avec une armée plus importante que celle de l'Iran. Cependant ces largesses ne peuvent continuer indéfiniment.
La banque centrale de la Turquie a promis de réduire son déficit extérieur en réduisant la croissance. Maintenant, la croissance a disparu, mais pas le déficit. L'augmentation galopante de la dette bancaire indique que les banques turques prêtent à leurs clients juste assez pour payer les intérêts sur les prêts passés. Cela met l'avenir politique de M. Erdogan en question. Son Parti Justice et Développement (AKP) a remporté les deux dernières élections nationales sur la base de la solidité de son bilan économique. De nombreux Turcs sont pris dans une spirale d'endettement de consommation, ils empruntent à un taux d'intérêt de 32% avec leur cartes de crédit.Les dépenses de consommation ont déjà commencé à chuter.
Quelques mois de plus de cette situation et le mandat de M. Erdogan va commencer à s'effriter. Les chiffres sont éloquents.
Figure 1: Production industrielle en moyenne annuelle glissante. Elle en est à croissance zéro Source: Banque centrale de Turquie |
Tableau 2: Les dépenses de consommation réelle après inflation sont en berne sur cette courbe de l'évolution annuelle |
Tableau 3: Le Volume des importations en Turquie est également en baisse en glissement annuel après un pic de croissance de 30% en 2010 Source: Banque centrale de Turquie La croissance des importations turque est arrêtée parce que la consommation s'est arrêté. |
Figure 4: Mais la dette de type "revolving" est en hausse de 27% en rythme annuel et ce malgré une consommation à plat
Source: Banque centrale de Turquie (YOY: Year on Year en %)
Puisque les dépenses de consommation sont en baisse, le taux d'expansion de la dette de type carte de crédit (ou 20% après déduction de l'inflation de 7%) de 27% doit refléter le fait que les ménages turcs empruntent pour payer les intérêts de leur dette précédente.
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Tableau 5: Taux de croissance des prêts bancaires (trimestriel, annuel) Source: Banque centrale de la Turquie |
Pièce 6: Le Déficit commercial de la Turquie se stabilise à 9% du PIB - et ce n'est pas bon Source: Banque centrale de Turquie
Même avec une économie en panne et une croissance nulle des importations, le déficit commercial de la Turquie se situe aux alentours de 6 milliards de dollars par mois, soit 72 milliards de dollars par an, c'est 9% du PIB.
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Pendant la majeure partie de 2012, l'exportation massives d'or turque vers l'Iran (pour payer le pétrole ) - une façon déguisée de contourner et de bafouer les sanctions à l'encontre des pays voyous - a masqué la véritable ampleur du problème. Comme je l'écrivais en Décembre dernier, "Les expéditions d'or de la Turquie à l'Iran sont suffisamment grandes pour faire baisser l'énorme déficit du compte courant du pays. Au rythme annuel de 17 milliards de dollars, le montant des exportations d'or turc se monte à 2,2% du PIB turc. Sans cet or, l'apparente amélioration du déficit commercial si inquiétant du pays («seulement» 7,5% du PIB par rapport aux 10% de l'an dernier) disparaîtrait. " (Voir Le Talentueux Monsieur Erdogan , Asia Times Online, Décembre 4, 2012. - le titre fait allusion au titre d'un polar célèbre de Patricia Highsmith et d'un film, "Le talentueux Monsieur Ripley " , Ripley est un criminel qui tue un jeune homme pour se substituer à lui )
Depuis lors, le gouvernement américain a sévi sur cette fuite en avant et les exportations d'or turque ont chuté. La Turquie emprunte sur les marchés à court terme pour couvrir son énorme déficit commercial.
Figure 7: La Dette extérieure à court terme de la Turquie Source: Banque centrale de la Turquie
La majorité de l'emprunt vient à travers les banques turques, qui prennent des prêts à court terme d'autres banques.
Les chiffres de La Banque des Règlements Internationaux sont présentés dans le Tableau 8 ci-dessous. La BRI ne permet pas d'identifier les sources des prêts, mais les analystes turcs présument que les pays du Golfe fournissent la plupart d'entre eux.
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Figure 8: Les dettes extérieures interbancaires, à court terme, de la Turquie et leurs actifs Source: BIS (en Rouge les dettes, en bleu les actifs bancaisres)
La Turquie ne peut pas blâmer les conditions économiques mondiales. Sauf pour l'Indonésie, elle est la seule économie émergente qui n'a pas eu d ecroissance au cours du premier trimestre de 2013. Et elle a une inflation plus élevée que toute autre économie émergente à l'exception de l'Argentine.
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Figure 9: Croissance et inflation (1er trimestre 2013), les économies émergentes Source: Economie de la négociation
Pour résumer ce que les données nous disent: même au point mort, l'économie turque a un déficit commercial de 9% du PIB, et le financement de l'essentiel du déficit repose sur le marché interbancaire à court terme. C'est insoutenable à long terme, mais il n'y a aucun événement immédiat susceptible de déclencher une crise. Les pays du Golfe peuvent continuer à maintenir la Turquie à flot pendant un certain temps. Les consommateurs turcs, cependant, devront se serrer la ceinture pour gérer leur fardeau de la dette, et l'économie est susceptible de diminuer modérément au cours de 2013. Les difficultés économiques vont dominer l'agenda politique, et l'aspiration de M. Erdogan au leadership du monde islamique - et encore moins de son propre pays - aura l'air beaucoup moins crédible.
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Tu as dit n importe quoi
RépondreSupprimertu as vu les nouveau chiffres la turquie explose et va exploser encore et encore
Effectivement , les pays sunnites du golfe persiques prêtent de l'argent pour combler les déficits parce qu'ils ont besoin d'un champion militaire sunnite face à la menace mortelle des chiites iraniens.
RépondreSupprimerMais l’économie réelle de la Turquie va mal. L'activité baisse, le chômage augmente http://observatoiredumoyenorient.blogspot.fr/2014/10/le-tapis-magique-derdogan-seffiloche.html
On est en 2016 et tout va toujours plutôt bien, malgré un coup d'état...
RépondreSupprimerIl est dégouté tout ça écrit pour rien
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