Dieu dans Persepolis "atteinte aux bonnes moeurs" ? |
Le procès de Nabil Karoui, le directeur général de la télévision tunisienne Nessma qui avait diffusé le film “Persepolis” devait s’ouvrir hier. Il a été reporté au mois de janvier. Une foule nombreuse s’est rassemblée à l’ouverture de l’audience de cette affaire hautement sensible: journalistes, salariés de Nessma venus soutenir leur patron (lequel encourt trois mois de prison [?!? d'autres sources indiquent 3 ANS]), mais aussi badauds et représentants de l’association à l’origine de la plainte. Des altercations entre les représentants de la défense et de la partie civile ont émaillé l’audience, tandis qu’à l’extérieur de la petite salle bondée du tribunal, de vifs débats s’engageaient sur la liberté d’expression.
“Je ressens une immense tristesse parce que les gens qui ont voulu détruire la chaîne sont libres et que moi je suis ici parce que j’ai diffusé un film”, a déclaré à son arrivée au tribunal le directeur général de Nessma, Nabil Karoui, entouré de gardes du corps.
Le directeur général de la télévision privée tunisienne Nessma, Nabil Karoui, comparaîtra jeudi devant la justice pour «atteinte aux valeurs sacrées» après la diffusion en octobre du film Persepolis qui avait suscité des violences à Tunis, a-t-il indiqué mercredi à l'AFP.
M. Karoui, qui fait l'objet d'une plainte de plus de 140 avocats, est poursuivi pour «atteinte aux valeurs du sacré, atteinte aux bonnes moeurs et trouble à l'ordre public», et encourt trois ans de prison.
La diffusion le 7 octobre par Nessma TV du film franco-iranien Persepolis, en dialecte tunisien, avait déchaîné les passions et suscité une vague de violences, quinze jours avant les élections en Tunisie.
Des groupes d'extrémistes avaient tenté d'attaquer le 9 octobre le siège de la chaîne à Tunis, et la violence avait culminé cinq jours plus tard lorsqu'une centaine d'assaillants avaient jeté des cocktails Molotov sur la maison du patron de la chaîne, alors absent.
En cause: une scène du film (qui raconte le régime iranien de Khomeiny à travers les yeux d'une petite fille) où Dieu est représenté, ce que proscrit l'islam.
Nabil Karoui s'était «excusé» pour la diffusion de cette scène après l'attaque de la chaîne, mais les manifestations, à l'instigation de groupes salafistes, s'étaient poursuivies.
«Je vais plaider non coupable, bien sûr. Il est scandaleux que ce soit moi qui comparaisse alors que les gens qui ont brûlé ma maison ont été relâchés», a-t-il déclaré à l'AFP.
«Avec moi, les nouveaux défenseurs de l'ordre moral en Tunisie veulent faire un exemple. Nous sommes dans une dictature morale encore pire que sous Ben Ali. Sous l'ancien régime, je n'ai jamais été menacé de mort», a-t-il ajouté, se disant «raisonnablement confiant» sur l'issue du procès.
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