La Croix
Assis au coucher du soleil, devant sa cahute dans laquelle il passe ses nuits à garder le chantier d’un immeuble en construction, Ahmed ne cache pas qu’à l’approche de la demande de reconnaissance palestinienne à l’ONU, il a d’autres chats à fouetter. « L’État palestinien ? Qu’est-ce que ça nous apportera de plus ? Nous vivons dans la misère depuis que le Hamas est au pouvoir à Gaza. Je regrette d’avoir à le dire, mais on vivait mieux quand Israël occupait la bande de Gaza. Au moins, je travaillais chez eux et je rapportais de l’argent pour nourrir ma famille.
Le gouvernement du premier ministre de Gaza, Ismaël Haniyeh, doit renflouer les caisses. Il est à court d’argent. Ces trois derniers mois, il n’a pu payer l’intégralité des salaires de ses fonctionnaires (environ
20 000), faute de liquidités. L’Iran aurait réduit ses versements au mouvement Hamas. Selon Mustafa Sawaf, analyste proche du Hamas, « Ramallah et Gaza ne sont pas financièrement indépendants. Nous vivons de dons. »
LES TEMPS SONT DURS, MAIS PAS POUR TOUS
Il confirme que, depuis un an, l’Iran ne donne plus rien aux Palestiniens, « car nous encourageons le peuple syrien à se débarrasser de la tyrannie du régime. Les Frères musulmans, qui sont nos principaux bailleurs de fonds, doivent partager l’aide qu’ils nous accordent avec d’autres pays en révolution, l’Égypte, la Syrie, la Tunisie, Bahreïn ».
Les temps sont durs, mais à l’évidence, pas pour tous. Il suffit de se promener le long de la plage où les paillotes de fortune ont fait place à des parcs d’attractions pour enfants, entourés de jardins bien entretenus et de murs peints de couleur vive. Dans le centre-ville de Gaza, « l’Andalucia », le nouveau centre commercial, pompeusement appelé « mall », a ouvert ses portes au début du Ramadan.
La société de consommation s’étale sur trois étages, desservis par des escaliers roulants qui, inconnus dans la bande de Gaza, ont provoqué de nombreuses chutes. Au rez-de-chaussée, les gondoles regorgent de produits alimentaires meilleur marché que dans les épiceries traditionnelles, au premier, l’habillement, et bientôt, au deuxième, plusieurs restaurants doivent ouvrir.
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