La Croix
Le président de la Haute Cour constitutionnelle égyptienne a décidé mercredi 7 juillet de suspendre l’exécution du jugement de la Haute Cour administrative qui avait ordonné à l’Église copte d’autoriser le remariage de ses fidèles divorcés, dans ce pays où le mariage civil n’existe pas
Pour Édouard Ghaleb, conseiller d’État et membre du conseil communautaire copte-orthodoxe : « La charia (loi coranique) est la source principale de la Constitution, d’où le jugement de la Haute Cour administrative. » Cette décision est le point de départ d’une véritable crise. Le pape Chenouda III riposte : « Personne ne peut nous contraindre à quoi que ce soit à part les instructions de l’Évangile. La décision de la justice est un jugement civil, or le mariage est un sacrement soumis à la loi religieuse. »
Le 7 juin, lors d’une conférence de presse, il affirme que « l’Église copte respecte la justice égyptienne », et reprend son explication sur la différence entre un « jugement civil » et un « acte religieux ». Intraitable, il rappelle que l’Église copte-orthodoxe autorise le divorce dans deux cas seulement : l’adultère prouvé et le changement de religion de l’un des conjoints. De plus, le conjoint coupable ne peut pas se remarier.
Puis il demande à rencontrer le président Moubarak et rejette toute tentative de compromis : « Les préceptes de l’Évangile ne sont pas variables en fonction d’une époque. » Le 13 juin, le ministre de la justice, sans doute sur les instructions du raïs, publie un arrêté formant un comité composé de délégués des communautés coptes-orthodoxes, catholique et protestante.
Présidé par l’adjoint du ministre pour les affaires judiciaires, ce comité a deux mois pour élaborer un projet de loi relatif au statut personnel des non-musulmans. Inattendue, cette mesure est dictée par le désir de conciliation. Mais elle n’empêche pas Chenouda III de porter le 17 juin le litige devant la Haute Cour constitutionnelle, qui a donc décidé la suspension de l’exécution du jugement.
Le président de la Haute Cour constitutionnelle égyptienne a décidé mercredi 7 juillet de suspendre l’exécution du jugement de la Haute Cour administrative qui avait ordonné à l’Église copte d’autoriser le remariage de ses fidèles divorcés, dans ce pays où le mariage civil n’existe pas
D’où vient le conflit entre l’État égyptien et les coptes ?
Tout a commencé à l’été 2009. Un copte divorcé, Hani Wasfi, a intenté un procès au pape Chenouda III, chef de l’église copte, qui lui refusait la permission de se remarier. Le tribunal de première instance a pris le parti de Hani Wasfi. Le pape s’est alors pourvu en appel devant la Haute Cour administrative qui a confirmé le jugement du tribunal : « Conformément à la loi, un chrétien peut se remarier et la Constitution lui garantit le droit de fonder une famille. L’appel du patriarche Chenouda pour empêcher les coptes de se remarier est rejeté. »Pour Édouard Ghaleb, conseiller d’État et membre du conseil communautaire copte-orthodoxe : « La charia (loi coranique) est la source principale de la Constitution, d’où le jugement de la Haute Cour administrative. » Cette décision est le point de départ d’une véritable crise. Le pape Chenouda III riposte : « Personne ne peut nous contraindre à quoi que ce soit à part les instructions de l’Évangile. La décision de la justice est un jugement civil, or le mariage est un sacrement soumis à la loi religieuse. »
Comment Chenouda III a-t-il organisé la riposte ?
La guerre du divorce est déclarée entre l’Église copte et l’État. Chenouda III, « pape d’Alexandrie et patriarche de la prédication de saint Marc et de toute l’Afrique », convoque un synode en Égypte (82 évêques et prélats) et obtient un soutien total.Le 7 juin, lors d’une conférence de presse, il affirme que « l’Église copte respecte la justice égyptienne », et reprend son explication sur la différence entre un « jugement civil » et un « acte religieux ». Intraitable, il rappelle que l’Église copte-orthodoxe autorise le divorce dans deux cas seulement : l’adultère prouvé et le changement de religion de l’un des conjoints. De plus, le conjoint coupable ne peut pas se remarier.
Puis il demande à rencontrer le président Moubarak et rejette toute tentative de compromis : « Les préceptes de l’Évangile ne sont pas variables en fonction d’une époque. » Le 13 juin, le ministre de la justice, sans doute sur les instructions du raïs, publie un arrêté formant un comité composé de délégués des communautés coptes-orthodoxes, catholique et protestante.
Présidé par l’adjoint du ministre pour les affaires judiciaires, ce comité a deux mois pour élaborer un projet de loi relatif au statut personnel des non-musulmans. Inattendue, cette mesure est dictée par le désir de conciliation. Mais elle n’empêche pas Chenouda III de porter le 17 juin le litige devant la Haute Cour constitutionnelle, qui a donc décidé la suspension de l’exécution du jugement.
Les travaux du comité chargé d’élaborer un projet de loi sont-ils reportés ?
« Pas le moins du monde, l’activité du comité est indépendante », explique Me Ramsès Al Najar, l’un des conseillers du pape. Le secrétaire de Chenouda III estime que l’intransigeance du pape a provoqué une « décision historique qui préserve les droits des coptes ».Denise AMMOUN, au Caire |
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