L’avènement de l'islamisme constitue la troisième phase de l'histoire politique arabe moderne.
La Phase I, c’était les monarchies semi-coloniales de la première moitié du XXème siècle, dominées par la France et la Grande Bretagne.
La Phase II, c'était l'ère du nationalisme arabe : laïque, socialiste, anti-colonial et anti-clerical sur le modèle égyptien de la révolte de 1952 des officiers libres. Le vecteur du nationalisme arabe était la dictature militaire initiée par Gamal Nasser. Il portait l'étendard du Pan-Arabisme allant jusqu’à abandonner le nom "Égypte " pour "République Arabe Unie" en unissant son pays à la Syrie en1958.
Cette expérience absurde qui a duré 3 ans devait être le début de la grande unification arabe qui n’est évidemment jamais arrivée.
Nasser a persécuté les islamistes férocement. Ses successeurs, Moubarak et les Baathistes, iraquiens (Saddam Hussein) et Syriens (les Assad). Ils figuraient à leurs yeux l'antithèse réactionnaire au modernisme arabe.
Mais le soi-disant modernisme des dictateurs nationalistes arabes s'est avéré une faillite. C'était des régimes corrompus, semi-socialistes, bureaucratiques qui ont abandonné les citoyens à la pauvreté, l'indignité et la répression.
Ce n'est pas une révolution Facebook mais le début d'une révolution islamiste. Surgissant des ruines du pan-arabisme , les Frères Musulmans proposent d'en finir avec les problèmes et la marginalisation du monde arabe. Le slogan tant martelé : "la solution c'est l'Islam " emporte tout sur son passage.
Pour le moment, cet islamisme est modéré, comme en Turquie. Soit par ses racines comme au Maroc et en Tunisie, soit par contrainte externe comme en Égypte, où les militaires se considèrent les gardiens d'un état laïque à l'instar de l'armée turque pendant les 80 ans, entre Ataturk et Erdogan.
L'islamisme peut se radicaliser, alors il échouera et provoquera un autre véritable Printemps Arabe. L'Islam radical ne résout rien. La répression, la régression sociale et les conflits civils le démontrent en Afghanistan, au Soudan et en Iran.
Il n'est pas impossible qu'il s'adapte à la modernité, accepte l'alternance du pouvoir avec les laïques et aboutisse ainsi à une authentique forme de démocratie arabo-islamique. Peut être.
La seule certitude est que nationalisme arabe est mort et que son successeur est l'islamisme.
La sagesse commence avec la reconnaissance de cette dure réalité.
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