UN WATCH
55 ONG et parlementaires : l'ONU doit expulser la Syrie d'un Comité des droits de l'Homme
*Le président français François Hollande a décidé d'expulser l'envoyée d'Assad; en réalité, Lamia Shakkour reste à Paris : elle représente la Syrie au Comité des droits de l'Homme de l'UNESCO.
*Une jeune Femme de 20 ans, victime des forces syriennes, s'exprimera à la session d'urgence de l'ONU (discours intégral ci-dessous).
GENÈVE, 1 Juin - La session d'urgence d'aujourd'hui du Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies doit réclamer l'annulation de l'élection récente du régime d'Assad à un Comité des droits de l'Homme de l'ONU. C'est le message qu'une organisation pour les droits de l'Homme basée à Genève, délivrera cet après-midi au Conseil composé de 47 nations par un discours de Hadil Kouki, une étudiante syrienne de 20 ans, victime de tortures et exilée. (discours à l'ONU ci-dessous)
Aux infos de cette semaine, nous avons appris que le président français François Hollande expulsait Lammia Shakkour, l'ambassadeur de la Syrie - mais en fait, elle reste à Paris pour représenter Bachar Al Assad au Comité des droits de l'homme de l'UNESCO.
"Que le président Bachar al-Assad ait été récemment élu, puis autorisé à demeurer dans un comité des droits de l'Homme de l'ONU , alors que son régime décime sans pitié son propre peuple, est immoral et indéfendable. C'est une insulte aux victimes de la Syrie", a déclaré Hillel Neuer, directeur exécutif de UN Watch , qui, à la tête d'un groupe de 55 parlementaires, ONG des droits de l'homme et groupes religieux, mène une campagne pour expulser la Syrie.
"Maintenir la Syrie dans un comité chargé de la protection des droits de l'Homme mine la crédibilité de l'UNESCO. La présence de la Syrie est un coup porté à la réputation de l'ONU dans son ensemble", a déclaré Neuer.
Après l'élection en novembre de la Syrie par l'UNESCO à son comité de droits de l'homme, UN Watch a lancé une campagne visant à revenir sur cette décision. La Grande Bretagne a notifié à UN Watch qu'elle chercherait à faire cesser "l'odieuse" présence de la Syrie à la commission. En mars, à l'UNESCO, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont engagé un débat sur la Syrie qui a abouti à la condamnation du régime, mais sans l'exclure de la commission.
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Témoignage de la part d'UN Watch sur le massacre en Syrie, à la session d'urgence du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, donné par Mme Hadil Kouki le 1 juin 2012.
Madame la Présidente, merci,
Je m'appelle Hadil Kouki, j'ai 20 ans, je suis une exilée originaire de Hasake en Syrie.
Le 10 Mars 2011, j'ai été arrêtée par le régime pour la distribution de tracts pro-démocratiques dans mon université d'Alep. On m'a jetée en prison pendant quarante jours.
En Août, puis à nouveau en Octobre, j'ai été arrêtée pour avoir apporté des fournitures médicales. J'ai été à nouveau emprisonnée pendant quarante jours. J'ai été torturée et maltraitée.
Le massacre d'El-Houleh était clairement un acte du régime Assad. Le village où quelque 130 personnes ont été sauvagement assassinées était connu depuis le début de la révolution comme l'un des centres les plus dynamiques dans la lutte pour une société libre et démocratique en Syrie.
Je connaissais personnellement certaines des personnes qui ont été assassinées. Fatima, qui n'avait que 25 ans, était mon amie à l'Université d'Alep, où elle étudiait l'histoire. Elle et ses deux filles, encore nourrissons, ont été retrouvées décapitées dans leur maison à El-Houleh. Le corps de son fils a été retrouvé amputé des bras et des jambes.
Mohamed, le mari de Fatima a été tué par les forces d'Assad deux mois plus tôt, alors qu'il essayait de protéger des manifestants pacifiques des balles meurtrières. C'est une preuve de plus que les habitants d'El-Houleh ont été massacrés pour leur opposition au régime Assad.
Madame la Présidente, je vous le demande :
Peut-on vraiment faire confiance à des gens qui sont responsables de telles atrocités pour mener à bien le Plan Annan pour mettre fin à la violence ?
Comment se fait-il qu'au moins trois des gouvernements qui protègent Assad, et qui l'aident dans ce génocide, sont autorisés à siéger ici même, à ce conseil des droits de l'Homme ?
Pourquoi l'Organisation des Nations Unies a t-elle élu la Syrie au comité droits de l'Homme de l'UNESCO ? Quel est le sens de ce genre de signal ? Quand est-ce que ce Conseil exigera le départ d'Assad ?
Madame la Présidente, je tiens à remercier les gouvernements amis qui nous ont fourni une aide vitale à moi et à beaucoup d'autres victimes. Mais tandis que nous parlons, mon peuple est tué. Le moment est venu d'agir.
Je vous remercie, Madame la Présidente.
***Le conseil n'a finalement pas demandé l'exclusion de la Syrie de la commission des droits de l'Homme de l'UNESCO comme on peut le lire dans la résolution finale.
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