Je dois commencer par m'excuser devant cette assemblée [Chambre des Lords ] car je dois enfreindre la tradition de cette assemblée en vous quittant avant la fin de ce débat [sur le sort des Chrétiens en terre musulmane]; les étoiles apparaissent tôt pendant les mois de l'hiver: le sabbat juif commence très tôt et je dois cesser tout travail à temps pour le respecter. J'espère que la noble assemblée le comprendra.
Étant donné le sujet, j'ai senti qu'il était très important d'être présent ici et d'appuyer le plus révéré des primats, l’Archevêque de Canterbury et de le remercier pour ses sages et émouvantes paroles.
C'est Martin Luther King Jr. qui a dit :
C'est pourquoi j'ai senti que je ne pouvais pas rester muet aujourd'hui. En tant que juif dans l'Angleterre chrétienne, je sais combien moi, mes parents et l'ensemble des juifs de Grande Bretagne doivent à cette grande nation chrétienne qui nous a donné le droit et la liberté de vivre notre foi sans crainte. Ne devons-nous pas en tant que juifs nous lever pour les droits des chrétiens de vivre leur foi sans crainte dans d'autres parties du monde ?
La crainte est, aujourd'hui, au Moyen-Orient, ce que ressentent beaucoup de chrétiens. Tout-à-l'heure nous avons pris connaissance du joug subi par les Coptes d’Égypte et par les chrétiens Maronites dans les zones sous contrôle du Hezbollah du Liban, de l'immense exode des chrétiens d’Irak, des graves soucis des chrétiens de Syrie, de ce qui pourrait y arriver si la déstabilisation s'aggravait.
Durant cette année, nous avons vu des églises incendiées, un attentat suicide dans lequel 21 chrétiens ont été tués alors qu'ils quittaient une église au Caire, la violence,l'intimidation et la fuite en masse des chrétiens particulièrement d’Égypte.
Je crois que nous devons protester contre cette série d’agressions contre les chrétiens du Moyen-Orient, certaines physiques, d'autres psychologiques. De nombreuses communautés ont, comme l'a rappelé le très révéré primat de Grande Bretagne, une très, très longue histoire.
Je me manifeste, comme le font, je l’espère, tous les juifs de Grande Bretagne, en solidarité avec nos frères et sœurs chrétiens comme nous le faisons avec tous ceux qui souffrent à cause de leur foi.
Depuis des années, j'observe la vie des chrétiens au Moyen-Orient et je suis choqué de constater ce qui arrive et surpris et amer car ces faits ne sont pas largement connus.
Mes chers collègues, je sais à quel point la politique et la religion sont compliquées au Moyen-Orient mais je veux faire part de deux réflexions.
Premièrement le printemps arabe : nous, en Occident, faisons une erreur majeure en croyant que la Démocratie par elle même, est un pas vers la liberté. D’habitude c'est le cas mais parfois ça ne l'est pas.
Comme l'a dit Alexis de Toqueville et qu'a remarqué
John Stuart Mill : la démocratie peut n'être que la tyrannie de la majorité.
A cause de cela, les paroles percutantes de Lord Acton dans son essai sur la liberté sont ici des plus pertinentes : "le test le plus fiable pour juger si un pays est vraiment libre est le niveau de sécurité vécu par les minorités".
Ainsi le destin actuel des chrétiens du Moyen-Orient est le test discriminant du printemps arabe.
La liberté est indivisible et ceux qui la refusent à d'autres ne l'obtiendront jamais pour eux mêmes.
Deuxièmement au sujet des religions qui commencent par tuer les opposants et qui tuent leur propres disciples.
Du temps des Croisades, les chrétiens ont combattu les musulmans, mais entre le moment de la Réforme et le traité de Westphalie des chrétiens ont combattu des chrétiens. Catholiques contre Protestants.
Des Islamistes radicaux combattent ce qu'ils considèrent le grand et le petit Satan. Mais plus tôt cette semaine nous avons déploré la mort de 52 fidèles chiites dans une mosquée à Kaboul et 28 autres chiites tués dans une attaque terroriste en Irak.
Aujourd'hui la majorité des victimes de la violence islamistes sont des musulmans.
Ne devrions-nous pas verser des larmes pour eux aussi ?
La tragédie de la religion est qu'elle peut mener les gens à la guerre au nom du Dieu de la Paix, elle peut les mener à la haine au nom du Dieu d'Amour, les amener à pratiquer la cruauté au nom du Dieu de Miséricorde et à tuer au nom du Dieu qui donne la Vie.
Aucune de ces choses n'apporte l'honneur sur la foi. Ce sont des profanations du nom de Dieu.
Que le Seigneur protège les chrétiens du Moyen-Orient ainsi que les homme de foi qui souffrent pour elle.
Qui qu'ils soient et où qu'ils soient.