Nouvelle donne en Syrie
Jerusalem Post, 14/8 adapté par l'observatoire du moyen orient.
L'Iran et l'Arabie saoudite ont présenté tous les deux des plans de paix pour la Syrie, mais leurs objectifs étant inconciliables, la fin au conflit n'est pas en vue.
Tandis que la guerre civile qui se déroule sur les ruines de la Syrie entame sa cinquième année, les combats ne semblent nulle part proches de la fin. De fait, il ne s'agit plus d'une, mais de plusieurs guerres. La Syrie est maintenant clairement fragmentée en des entitées distinctes et le conflit lui aussi s'est subdivisé parallèlement en un ensemble de nouveaux conflits.
Dans les frontières du pays il y a aujourd'hui pas moins de cinq différents conflits: le défi des rebelles sunnites au régime d'Assad renforcé par le Hezbollah du Liban et par l'Iran (c'est la guerre originelle qui a entraîné les autres conflits); la lutte de la milice kurde YPG contre l'Etat Islamique; Les affrontements intermittents entre les rebelles sunnites et l'État Islamique; La guerre de l'État Islamique contre le régime d'Assad; et en plus, maintenant, la reprise de la guerre entre la Turquie et le PKK, qui se joue en partie sur le sol syrien.
En dépit de ces cinq conflits imbriqués, les efforts diplomatiques vers une certaine forme de règlement, ou tout au moins un gel du conflit, sont en cours.
Ces derniers jours ont vu émerger des détails sur les deux «plans de paix» rivaux pour la Syrie. Le premier est parrainé par les Iraniens, les principaux partisans du régime Assad, l'autre est l'œuvre de l'Arabie saoudite, qui veut la chute du régime et qui soutient divers éléments de la rébellion sunnite.
Aucun d'eux n'a beaucoup de chances de se réaliser. Mais le contenu des plans et leur existence même démontre que contrairement aux apparences, la situation syrienne n'est pas figée. Ils indiquent également à quel point les objectifs des bailleurs des fonds des partis en présence sont actuellement inconciliables.
Le plan iranien, selon un rapport publié dans le journal Araby al-Jadid , constitue en un gel du conflit et la partition de facto de la Syrie. Selon le journal, le plan est promu par le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammed Javad Zarif au cours de son cycle actuel de réunions avec des responsables régionaux.
Le plan propose que chaque groupe belligérant retiendrait les zones sous son contrôle, à l'exception de la ville d'Alep, qui irait sous supervision internationale.
Le régime et les rebelles vont alors coopérer avec la coalition internationale contre l'État Islamique. Les négociations entre les parties se poursuivront, avec l'intention de former un "gouvernement national, écrire une nouvelle constitution et tenir des élections sous l'auspice d'observateurs internationaux."
Le régime, selon le plan, gardera le contrôle des endroits suivants : "Damas, la frontière syro-libanaise, Qalamoun, ouest Ghouta, Zabadani, Homs et la zone à l'ouest de la ville vers la côte syrienne, ainsi que le port de Tartous."
En substance c'est la zone contrôlée par le régime aujourd'hui. Pourtant, la volonté apparente des bailleurs de fonds du régime de «se résigner» à cette zone plutôt que de persister dans l'objectif de la reconquête éventuelle de l'ensemble du pays (l'objectif officiel du président syrien Bachar al-Assad depuis le début de la guerre) reflète la faiblesse croissante du régime Assad.
Le régime ne contrôle plus qu'un peu plus de 20 pour cent de la superficie de la Syrie. Dans le nord, il est ébranlé par les coups de marteau infligés par le Jaish al-Fatah ("l'armée de conquête") une coalition rebelle. Cette coalition comprend certaines des plus fortes forces rebelles islamistes en Syrie. Jabhat al-Nusra, l'affiliée syrienne d'Al-Qaïda, en est une composante tout comme Ahrar Al-Sham, le plus puissant des groupes salafistes "du cru" sur le champ de bataille syrien.
Le Jaish Al Fatah est soutenu par le Qatar, la Turquie et l'Arabie saoudite. La livraison par l'Arabie Saoudite de missiles US antichars TOW, transportés à travers la frontière de la Turquie, joue un rôle de révélateur dans les combats, réduisant l'avantage du régime en armes lourdes.
Actuelement, le Jaysh al-Fatah tente de détruire les dernières positions du régime sur la plaine d'Al-Ghab. La perte de ces positions soulève la perspective effrayante pour le régime que la ligne de front se déplace dans les parties peuplées de la province de Lattaquié, le cœur de son soutien.
Déjà, les villages alaouites à Lattaquié sont à portée des missiles des rebelles. Leur entrée en Lattaquié mettrait fin aux espoirs d'Assad de conserver intacte un reduit sûr dans le pays pour les membres de sa secte et pour les autres partisans du régime.
Si la base militaire vitale de Joureen, dans la plaine de Ghab, tombait aux mains des rebelles, le régime serait alors confronté à la possibilité de la coupure des lignes d'approvisionnement de la ville de Hama, plus au sud.
Par conséquent le régime se bat désespérément pour tenir ses positions sur la plaine stérile de Sahel al-Ghab. Les combattants du Hezbollah sont là, aux côtés de «volontaires» chiites, venus d'aussi loin que de l'Afghanistan.
La collection hétéroclite de défenseurs du régime dans le Sahel al-Ghab reflète la difficulté majeure qu'affronte Assad depuis le début de la guerre. La base étroite de son régime a signifié qu'il a du mal à assembler des forces suffisantes pour défendre les zones sous son contrôle.
La solution a été jusqu'à présent de réduire ces zones. À un certain point, bien sûr, le degré de cette reduction de la zone sous contrôle du régime met en question sa viabilité. Il est possible que ce point soit en vue.
Les Saoudiens, cependant, ont clairement fait savoir que les propositions iraniennes actuelles sont inacceptables. Le point d'achoppement, qu'a souligné le ministre des Affaires étrangères saoudien Adel al-Jubeir dans un communiqué cette semaine, est que Riyad veut le départ immédiat d'Assad du pouvoir plutôt que de laisser un rôle dans une phase transitoire.
"Il n'y a pas de place pour Assad dans l'avenir de la Syrie," A dit Adel al-Jubeir à Moscou après avoir rencontré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. "Assad fait partie du problème, pas de la solution."
La Contre-proposition saoudienne, tel que rapporté dans le journal Al-Hayat de cette semaine, envisage la cessation immédiate de tout soutien extérieur iranien et d'autres soutiens pour le régime et le départ des combattants du Hezbollah, suivie par des ouvelles élections présidentielles et parlementaires supervisées par l'ONU - après la démission de Bashar al-Assad.
Les différences sont familières, elles ne sont pas encore près d'être comblées. La diplomatie, comme toujours, reflète la situation militaire sur le terrain. Les fortunes d'Assad ont diminué. Ceci conduit à des ambitions réduites et par conséquent une plus grande flexibilité de la part de ses bailleurs de fonds. Mais il n'y a pas encore de signes que ses alliés sont sur le point de l'abandonner, ni que leurs demandes aux ambitions réduites sont près d'être acceptables pour les forces derrière les rebelles. Donc, le combat continue.
Plus important encore, il faut se rappeler que la guerre entre Assad et les rebelles sunnites n'est plus maintenant que seulement l'un des nombreux conflits qui ont déchiré la Syrie.
Donc, même si la baisse des fortunes d'Assad devait conduire à son départ de la scène, la guerre pour la succession de la Syrie, et les souffrance de ses habitant sont loin de voir la fin.
Donc, même si la baisse des fortunes d'Assad devait conduire à son départ de la scène, la guerre pour la succession de la Syrie, et les souffrance de ses habitant sont loin de voir la fin.
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