LE MONDE , extrait :
Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) connaît sa première crise d'envergure depuis sa création en 1981. Au terme d'une réunion houleuse des ministres des affaires étrangères des six pays membres, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn ont annoncé, mercredi 5 mars, le rappel de leurs ambassadeurs au Qatar. Le seul précédent remonte au rappel, en 2002, par Riyad de son ambassadeur à Doha pour protester contre une campagne jugée diffamatoire de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira.
Par cette mesure inédite, les trois pétromonarchies condamnent le « non-respect » par Doha de l'accord de sécurité signé à Riyad en novembre 2013, et de son refus de s'entendre sur une politique unifiée et de s'engager à « garantir la non-ingérence de façon directe ou indirecte dans les affaires internes de chacun des pays membres par le biais d'individus, d'organisations et de médias hostiles », selon les termes d'un communiqué conjoint. Exprimant sa surprise et ses regrets face à ces accusations, Doha a attribué cette décision unilatérale à « des divergences sur des questions hors des pays du CCG ».
Ces divergences, apparues depuis le début des années 2000 avec la compétition à laquelle se livrent Riyad et Doha pour imposer leurs approches concurrentes sur la scène arabe, se sont cristallisées en un véritable antagonisme autour du sort de l'Egypte.
Riyad, qui s'est imposé comme le protecteur des nouvelles autorités du Caire depuis la destitution du président Frère musulman Mohamed Morsi en juillet 2013, accuse le Qatar de jouer un rôle déstabilisateur en Egypte. Il reproche à Doha son soutien aux Frères musulmans, en dépit de la guerre lancée par Le Caire contre la confrérie, classée désormais « organisation terroriste ». Le Qatar sert de refuge aux dirigeants et capitaux de la confrérie et favoriserait, selon les monarchies sunnites, sa pénétration dans le Golfe.
Les autorités égyptienne et saoudienne reprochent également à l'émirat gazier de faire campagne en faveur des Frères par le biais d'Al-Jazira, au cœur d'un procès qui s'est ouvert au Caire le 5 mars. Les prêches incendiaires donnés depuis janvier au Qatar par le cheikh égyptien Youssef Al-Qaradaoui, proche des Frères et ancien « télécoraniste » star de la chaîne, contre la politique de Riyad et Abou Dhabi dans la région, n'ont fait qu'envenimer davantage leurs relations.
Le journal Jordanien semi-officiel Ammonnews rapporte la réaction du Qatar : nous ne changerons pas notre politique étrangère quel qu’en soit le prix.
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