Trois réfugiés soudanais du Darfour ont ouvert il y a voilà trois mois un restaurant de houmous sur la rue Allenby, au cœur de Tel-Aviv. On y sert le plus israélien des mets dans l'un des coins les plus typiques de la ville."C'est un pays formidable, je suis heureux ici", s'exclame Mouhi, "Je suis fier d'Israël car il m'a traité comme son fils. On m'a protégé, aidé, bien traité, je ne pourrais jamais l'oublier."
Un sentiment partagé par Hassan, qui insiste lui aussi sur la protection reçue en Israël après les souffrances endurées dans son pays d'origine. Hassan est né au à Bulbul, un village des environs de Niera, la ville principale du Darfour. Il y a vécu avec sa famille jusqu'aux raids jajawides en mai 2007.
"Un matin, ils sont venus à 4 heures, il y avait beaucoup de personnes et des chevaux. Ils ont encerclé le village, commencé à tirer dans tous les sens et à brûler les maisons." Hassan raconte que ses deux frères et lui se sont cachés sous des roseaux dans leur maison. Après le départ des jajawides, ils sont sortis de leur cachette pour découvrir leurs parents brûlés vifs par un feu qui s'était propagé dans une des chambres adjacentes. C'est à ce moment-là qu'Hassan a décidé de fuir. Il a traversé Khartoum et le Caire avant d'atteindre Israël avec un groupe de réfugiés.
Mouhi, 33 ans, habite à Tel-Aviv avec sa femme et ses deux enfants. Ils sont arrivés en Israël après avoir fui Khartoum. Des agents du gouvernement avaient commencé à passer la capitale au peigne fin, à la recherche de Darfouriens en vadrouille. Lorsque la situation est devenue trop dangereuse, ils ont fui vers Le Caire, où ils ont vécu pendant 18 mois avant que Mouhi ne se décide à partir en Israël avec un groupe de Soudanais. Il a reçu la bénédiction de sa femme, alors enceinte, et lui a promis que s'il arrivait vivant en Israël, il la contacterait pour qu'elle puisse le rejoindre. Mouhi avait eu vent des terribles épreuves que subissaient les réfugiés qui tentaient de passer du Sinaï à Israël, et ne voulait pas que sa femme enceinte tente le voyage.
"Je ne savais alors rien d'Israël mais j'avais des amis arrivés sur place et d'autres prêts à partir, alors je me suis joint à eux. Arrêté à la frontière, j'ai été mis en prison pendant 5 ou
6 mois et j'ai perdu tout contact avec ma femme qui a cru que je m'étais fait tuer."
"Après avoir été libéré, j'ai appelé ma femme en Egypte et elle a décidé de venir me rejoindre avec les enfants et un groupe de réfugiés conduit par des contrebandiers. Trois mois plus tard, j'ai pu retrouver ma famille en Israël."
Une mixité culturelle
Adam, le troisième propriétaire, passe la plupart de ses journées à son travail dans une usine de métal à Azur et vient aider au restaurant les vendredis et samedis. Adam a aussi fui la guerre, après que les jajawides ont transformé son village en nuage de cendres.
Il avait entendu parler du conflit en Israël, mais sur place, les choses ne sont pas telles qu'il se les était imaginées. Peu après son arrivée, il s'est vu octroyer un statut de résident permanent. Il espère que les autres réfugiés du Darfour en Israël obtiendront le même statut et qu'Israël aura de bonnes relations "avec le Darfour, pas avec le Soudan". Nasrin, la serveuse, a travaillé pendant trois ans avec les trois réfugiés à Houmous Meshousha. Cette Arabe israélienne de 29 ans, originaire de Jaffa, trouve que l'association entre propriétaires et serveurs est assez unique en son genre.
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