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dimanche 24 juin 2012

Condition des réfugiés dans les pays arabes : les racines de l'abandon


Aide à l'Église en Détresse a publié cet article d'Oliver Maksan sur le sort des réfugiés chrétiens irakiens en Jordanie :
Il n'y a pas d'avenir pour les chrétiens d'Iraq en Jordanie
La Jordanie est un refuge pour des dizaines de milliers d'Irakiens - dont beaucoup sont des chrétiens. Depuis l'invasion américaine en 2003, ils sont attaqués par les sunnites et par les schiites.

La plupart d'entre eux sont venus après 2006, lorsque la violence terroriste a explosé.
Selon des sources gouvernementales, 450.000 Irakiens vivent actuellement en Jordanie. Le Royaume a interêt au chiffre le plus élevé possible pour se faire une réputation internationale en tant que pays humanitaire.

Toutefois, la Commission des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) doute  de ce nombre et estime que 150 000 est plus proche de la réalité.
*Il est hallucinant de constater que personne ne s'étonne d'un rapport de UN A TROIS entre les deux estimations et  que tout le monde trouve normal qu'on ne puisse connaître le nombre exact dans un pays plutôt prospère qui n'est pas en état de guerre.

Raed Bahou, directeur régional de la Mission pontificale à Amman, estime que 20.000 d'entre eux sont chrétiens. En parlant avec ACN, il souligne qu'il n'y a pas de chiffres exacts. Les experts estiment, qu'environ 60 à 80 000 chrétiens ont fui vers la Jordanie entre 2006 et 2008. C'est certes beaucoup pour une nation de seulement 6,4 millions d'habitants.

Mais l'accueil des réfugiés par la Jordanie n'est pas seulement une question de statut politique, mais aussi de la traditionnelle hospitalité et solidarité arabe. Toutefois, les réfugiés n'ont aucun statut juridique. Le Royaume n'a jamais signé la Convention sur les réfugiés de 1951 de l'ONU, et donc il considère  les réfugiés comme des "invités".
** stop, relisons cette phrase : " Le royaume n'a jamais signé la convention sur les réfugiés de 1951 de l'ONU ". Pourquoi ? Que dit la convention ? Quels autres pays du Moyen-Orient ne l'ont pas signée ?
Cela a des conséquences graves. "Je voudrais travailler, mais je n'en ai pas le droit ", dit Lina. "Nos économies s'épuisent progressivement ." En fait, les réfugiés vivent souvent de ce qu'ils ont apporté avec eux. Comme beaucoup de chrétiens irakiens appartenaient à la classe moyenne supérieure, et qu'ils sont médecins, ingénieurs, avocats ou entrepreneurs, ils avaient souvent de moyens considérables. Ils ont contribué à faire monter les prix de l'immobilier à Amman, dans certains cas de façon drastique.

Cependant beaucoup ont épuisé leur épargne après des années d'exil et ils n'étaient pas tous prospères. Ainsi, de nombreuses personnes vivent du travail au noir ou d'aide de leur familles de l'Ouest. Le gouvernement ne fournit aucune assistance et l'Organisation des Nations Unies a réduit son financement. Lina est déterminée : "Je vais aller n'importe où : USA, Australie, Europe, pourvu que je puisse quitter cet endroit. Il n'y a pas d'avenir ici, en Jordanie".


Voici la convention de 1951, en résumé : elle engage les pays contractants à préserver leur santé, permettre l'accès à l'éducation,  faire le maximum pour qu'ils puissent travailler et faciliter leur naturalisation par le pays d'accueil. Des extrait figurent en fin de page. La liste des pays signataires est ici.

Les pays du Moyen-Orient qui ne l'ont pas signé sont : la Jordanie, la Syrie, l'Arabie Saoudite, Dubaï, le Bahreïn, le Quatar, le Liban et l'Iraq. De fait, l'OLP de Yasser Aarafat s'est opposée à l'application du statut de la convention de 1951 au motif qu'il  "porte un préjudice aux droits inaliénables du peuple palestinien" (in "The Status of Palestinian Refugees in International Law",  Lex Takkenberg 1998 page 128 cité ici)

La raison la plus probable est la volonté d'interdire aux refugiés palestiniens qui le souhaitent la possibilité de s'installer définitivement dans le pays d'accueil. Le tout, bien sûr, dans le but "altruiste" de  "préserver l'unité du peuple palestinien". C'est d'ailleurs la raison officielle de la ligue arabe pour interdire aux Palestiniens le droit à la naturalisation dans n'importe quel pays de la ligue alors que tout arabe de tout pays peut demander à se faire naturaliser dans tout autre pays arabe. Les réfugiés ne sont que des pions pour les leaders arabes.

On peut conclure par cette citation :
"Les états arabes ne veulent pas résoudre le problème des réfugiés. Ils veulent le conserver comme une plaie béante, un affront à l'ONU et comme arme contre Israël. Les leaders arabes se soucient comme d'une guigne de la vie ou de la mort des réfugiés." [ Naomi Comay,  Arabs Speak Frankly on the Arab-Israeli Conflict: With Original Documents and Comments by World Leaders and Writers. [Great Britain]: Printing Miracles, 2005. 26.]






Convention relative au statut des réfugiés
 Article 17. -- Professions salariées
    1. Les États contractants accorderont à tout réfugié résidant régulièrement sur leur territoire le traitement le plus favorable accordé, dans les mêmes circonstances, aux ressortissants d'un pays étranger en ce qui concerne l'exercice d'une activité professionnelle salariée.
Article 18. -- Professions non salariées
    Les États contractants accorderont aux réfugiés se trouvant régulièrement sur leur territoire un traitement aussi favorable que possible et en tout cas un traitement non moins favorable que celui accordé dans les mêmes circonstances aux étrangers en général, en ce qui concerne l'exercice d'une profession non salariée dans l'agriculture, l'industrie, l'artisanat et le commerce, ainsi que la création de sociétés commerciales et industrielles.
Article 19. -- Professions libérales
    1. Tout État contractant accordera aux réfugiés résidant régulièrement sur son territoire, qui sont titulaires de diplômes reconnus par les autorités compétentes dudit État et qui sont désireux d'exercer une profession libérale, un traitement aussi favorable que possible et en tout cas un traitement non moins favorable que celui accordé, dans les mêmes circonstances, aux étrangers en général. 
    2. Les États contractants feront tout ce qui est en leur pouvoir, conformément à leurs lois et constitutions, pour assurer l'installation de tels réfugiés dans les territoires, autres que le territoire métropolitain, dont ils assument la responsabilité des relations internationales.

Article 34. -- Naturalisation
    Les États contractants faciliteront, dans toute la mesure possible, l'assimilation et la naturalisation des réfugiés. Ils s'efforceront notamment d'accélérer la procédure de naturalisation et de réduire, dans toute la mesure possible, les taxes et les frais de cette procédure.

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