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mercredi 7 mars 2012

Quand les médias provoquent la violence

B. DAVIDSON-The Algemeiner
 Le 21 février, une  photo spectaculaire de l'Agence France-Presse a choqué des nombreux  lecteurs des sites d'info.
Il s'agissait d'une bande de jeunes palestiniens près d'Hébron, fracassant de gros rochers sur le pare-brise de la voiture d'une automobiliste israélienne, la forçant  par réflexe à baisser la tête en extrayant son 4x4 de la mêlée.

Mme Zehava Weiss subit un jet de blocs de pierre : AFP- Bayt Umar 
Et voici la vidéo de l'attaque :

Une des photos montrait un vidéaste de presse, debout directement derrière l'un des lanceurs de pierres, en train de filmer alors que  le roc explosait sur le pare-brise.
Le caméraman "cherchait le meilleur angle de vue pour capter de loin ce qui allait se passer".

"À ma gauche, il y avait au moins deux autres photographes, attendant l'action", a relaté aux médias locaux la conductrice Zahava Weiss de Carmei Tzur. Plusieurs Israéliens ont été tués et de nombreux autres ont été blessés dans ces salves de jets de pierres quasi-quotidiennes.

Dans l'incident du 21 février, la question immédiate pour beaucoup, était de savoir s'il s'agissait d'une mise en scène médiatique, et dans ce cas,  à quel degré le cameraman était activement ou passivement en collusion avec la bande qui jetait des pierres dans le but d'avoir "la photo qui rapporte" ?

Cette situation est révélatrice de ce qui est devenu un secret de polichinelle : il existe une relation symbiotique, professionnellement, éthiquement et moralement contestable entre photographes de presse et les Palestiniens. Les photographes ont besoin des images et vidéos chocs pour leurs agences et leurs clients, et les gangs veulent immortaliser leurs actes pour la postérité internationale. Mais, à l'étranger, le public ne voit jamais  comment les images ont été obtenues, et suppose que tout est spontané, et que la caméra passait par là, au bon moment, par hasard.

Ce phénomène, depuis surnommé "fauxtographie" est devenu évident pour moi en Décembre 2010, dans une affaire de squatters arabes et juifs à Jérusalem Est au quartier de Silwan/Siloé. Dans une ruelle, j'ai vu ce qui semblait personnifier ce paradigme : pendant un après-midi, les photographes et les lanceurs de pierres- étaient apparemment -en train de mettre en scène une bataille à coups de pierres et de roches sur la police.
Un de ces (nombreux) évènements qui ne se serait jamais produit en absence des caméras.

Comme je le fais souvent dans ce cas, j'ai apporté mon propre appareil photo afin d'illustrer, par la suite, les détails d'un article . À un moment donné, adossé contre le mur d'une ruelle avec plusieurs photographes arabes, un jeune a couru en face de nous et a armé son bras pour lancer une pierre sur la police, 50 mètres plus loin.

J'ai été choqué lorsque j'ai entendu un des photographes lui dire :  
"Yal-la ! Yal-la ! Harb, harb ! (Allez ! Allez ! [c'est la] Guerre, la Guerre !),"afin de galvaniser l'enfant. 

Retenez cette image : un adulte, photographe, patenté par une carte de presse incitait les enfants à jeter des pierres et des bouteilles sur une police anti-émeute lourdement armée, dans l'espoir d'obtenir de meilleures photos d'action, indifférent aux conséquences pour l'enfant, la police, les voisins et aux répercussions locales et internationales.

Un homme plus âgé derrière les jeunes criait "Allah Akbar !" pour stimuler la bande. Il était difficile de ne pas avoir l'impression que"l'organisateur", comme je vais l'appeler, était le metteur en scène en coulisses de l’évènement "spontané".

Les enfants lançaient les pierres à tour de rôle, puis retournaient, en se mettant à couvert, cachés par la presse de la vue des cinq ou six policiers qui s’avançaient. L'organisateur leur parlait en petit comité, tandis que les photographes avaient des belles et faciles photos d'action des charges de la police.

Situé entre les photographes et la police, l’organisateur a ensuite porté un enfant, qui, comme sur commande-agitait un petit poing rebelle, que les caméras immortalisaient au loin.
Donc l'angle obtenu était "un conflit inégal : un policier Israélien en uniforme noir "du GIGN" toise un bambin palestinien."

J'étais professionnellement et personnellement consterné par ce qui semblait être une coopération active et passive entre les Arabes et la presse : une machine huilée et efficace de relations publiques, pour la consommation des médias étrangers.

A la fois incrédule et dégoûté par ce qui semblait se mettre en place,  j'ai commencé à photographier de plus en plus les lanceurs de pierres "hors-scène", lorsqu'ils ramassaient des pierres et se concertaient avec l'organisateur. Certains essayaient de se couvrir le visage, faisaient des gestes et me criaient en arabe de ne pas les photographier.

À un moment donné, l'organisateur, qui agitait les bras en ma direction pour ne pas que je le photographie, a envoyé un groupe de cinq ou six jeunes gens menaçants qui m'ont entouré. Comme je ne répliquai pas lorsque l'un d'eux m'a poussé, l'organisateur m'a fait face, en colère, et a exigé que je cesse de photographier.

Pour calmer la tension, j'ai haussé négligemment les épaules et leur ai dit en anglais que je "fais juste mon travail", et ils m'ont laissé seul pendant que je continuais à photographier les évènements. A un moment surréaliste dans la mêlée, les photographes ont tous pris une pause-café, avec des tasses sur un plateau gracieusement offertes par un homme qui a quitté la maison de l'un des squatters arabes de l'affaire.

La police se trouvait à proximité, en tenue anti-émeute complète et à bout de souffle après la charge sur les lanceurs de pierres. On ne leur a pas offert de café.

2 commentaires:

  1. Anonyme8/3/12

    Rien de nouveau sous le ciel bleu! Pour celles et ceux qui en ont le moyen ,aller sur les archives de M6 et retrouvez l'émission "culture Pub" sur la publicité en Israël ,rappelez vous c'est l'époque ou TNUVA avez réussit un joli coup en faisant une pub sur son pack de lait avec la participation d'un cosmonaute russe qui vivait depuis des mois en orbite autour de la terre , à la question qui lui avait été posé à savoir si quelque chose l'avait étonné lors de son voyage , le journaliste avait appris que l'on pouvait commandé une manifestation avec jets de pierre et pneus brulés,tout dépendait du tarif,sur un simple coup de téléphone et les caméras s'installaient et ça démarrait. Il concluait que les envoyés spéciaux des agences de presse mondiales avaient intérêt à avoir du "matériel" à envoyer pour justifier leurs notes de frais et rester dans ce paradis médiatique ou vous pouvez filmer et aprés passer le reste du temps à la plage ou aux bars à Tel Aviv.

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  2. Anonyme9/3/12

    Ceci traduit la faiblesse du gouvernement israélien. Dans tout autre pays y compris démocratique le journaliste aurait été expulsé ou, à tout le moins, privé de sa carte de presse.

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