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jeudi 17 février 2011

Bahrain six morts 600 blessés, temoignage. Des Chars arrivent dans la ville

Nouvel Observateur
Des chars sont arrivés dans Manama, la capitale


Que se passe-t-il exactement à Bahreïn, où hier quatre manifestants ont été tués?

Je viens de téléphoner sur place, à Manama, à Mohammed Al-Maskati, un célèbre défenseur des droits de l'Homme dans cet émirat (il dirige la Bahraïn Youth Society for Human Rights).

Le Nouvel Observateur.- Quelle est la situation à Bahreïn aujourd'hui?

M. Al-Maskati.-Après les manifestations, l'armée a pris le contrôle de la ville. Elle vient de publier un communiqué demandant aux gens de ne pas manifester. Jusqu'à présent, nous avons dénombré quatre morts [six au total depuis le début de la révolte] et au moins 600 blessés (il s'agit de blessés comptabilisés dans les hôpitaux publics, nous ne connaissons pas le nombre de ceux qui sont soignés dans les institutions privées.)

N.O.- Vous étiez parmi les manifestants. Qu'avez vous vu?

M. Al-Maskati.-Non seulement les forces spéciales de la police empêchaient les gens d'aller sur la place principale, mais elles pourchassaient les manifestants et les frappaient. Elles empêchaient aussi les ambulances d'aller chercher les blessés et même les attaquaient elles-aussi. Les manifestants eux n'ont pas répondu à la violence et, alors qu'on les attaquaient, ils chantaient "nous sommes pacifiques!"

N.O.- Les manifestations vont-elles continuer?

M. Al-Maskati.-Les organisateurs m'ont dit qu'ils allaient continuer demain, malgré l'interdiction. Les manifestants sont très en colère d'avoir été brutalisés de la sorte; leurs amis, leurs familles, aussi, ont été choqués. Mais réussiront-ils à se réunir sur la place de la Perle, malgré l'armée? Je ne sais pas. Et bien sûr, je redoute un bain de sang.

N.O.- Il semble que le pouvoir ait tiré une leçon pratique de la révolution en Egypte.

M.Al-Maskati.- Oui, après une nuit d'occupation de la place principale [rebaptisée "Tahir" par les manifestants], le pouvoir a décidé qu'à la différence du Caire il n'y en aurait pas deux. Il n'a pas voulu qu'une situation à l'égyptienne s'installe.

N.O.- Bahreïn est à majorité chiite. Certains en Europe et aux Etats-Unis redoutent que l'Iran soit derrière cette révolte. Qu'en pensez vous?

M. Al-Maskati.-Aucun risque. Les manifestants sont des musulmans libéraux, des patriotes bahreïni. Ils brandissaient le drapeau de Bahreïn, pas celui de l'Iran. Et puis l'un de leurs slogans était: "Ni chiite, ni sunnite, baheïni".

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